La forte augmentation des importations de véhicules réduit les prix au Canada, selon un économiste de la Banque Scotia

    TORONTO, le 26 nov. /CNW/ - Les importations de véhicules en provenance
des Etats-Unis ont fortement augmenté depuis que le dollar canadien a dépassé
la parité avec le dollar américain, ce qui a pour effet d'exercer une pression
sur les ventes au Canada ainsi que sur le prix des voitures neuves et usagées,
selon le dernier rapport sur le secteur mondial de l'automobile publié
aujourd'hui par Etudes économiques Scotia.
    Les Canadiens ont atteint un nouveau sommet en octobre, puisqu'ils ont
importé 137 000 véhicules neufs et usagés des Etats-Unis, soit 21 % de plus
que l'année antérieure, selon les données du Registraire des véhicules
importés.
    "Cette vague d'importations a été particulièrement marquée en octobre,
les Canadiens ayant importé un nombre record de 24 873 véhicules, le double
d'il y a un an, soit une hausse de 68 % par rapport au mois précédent, a
déclaré Carlos Gomes, spécialiste de l'industrie automobile de la Banque
Scotia. Ce bond des importations et l'écart entre le prix des véhicules
canadiens et américains s'expliquent par la rapide appréciation du dollar
canadien, et non par l'augmentation des prix de détail suggérés par les
fabricants (PDSF) au Canada.
    "En réalité, les prix des véhicules neufs canadiens n'ont pas vraiment
changé entre 1998 et 2006 et ont même diminué de 5 % depuis le début de
l'année, a ajouté M. Gomes. Cette situation s'explique par le fait que, même
si les constructeurs n'ont pas ajusté leur PDSF au Canada, ils ont amélioré
les incitatifs proposés et offert des ententes de crédit-bail et de
financement plus alléchantes. D'ailleurs, les prix des transactions ont
baissé, entraînés par une réduction de 8 % du nombre de véhicules utilitaires
légers construits en Amérique du Nord."
    Si les PDSF appliqués à de nombreux véhicules restent 4 000 à 5 000 $
plus chers au Canada qu'aux Etats-Unis, la diminution des prix des véhicules
neufs au Canada s'est accrue depuis le printemps, débouchant sur une baisse
des prix des véhicules usagés, et en particulier des modèles de l'année
dernière. Début novembre, l'indice des prix des véhicules usagés de la Banque
Scotia a perdu 5 % par rapport à l'année dernière, stimulé par un recul de 8 %
du prix des modèles d'un an.
    L'impact potentiel sur les prix des véhicules usagés et des valeurs
résiduelles explique largement pourquoi les constructeurs automobiles sont peu
disposés à abaisser les PDSF, d'autant plus que le nombre de véhicules dont le
contrat de location-bail arrive bientôt à échéance devrait faire un bond et
atteindre un sommet de 550 000 unités en 2008, comparativement aux 470 000
unités enregistrées l'année dernière - le plus bas niveau sur cinq ans et près
de trois fois plus d'unités que le nombre actuel d'importations originaires
des Etats-Unis. De surcroît, le nombre de véhicules dont le contrat de
crédit-bail arrivera à échéance l'année prochaine se chiffre à 14 %, un record
pour l'ensemble du marché canadien (ventes de véhicules neufs et usagés
combinées), ce qui laisse entendre que l'augmentation de l'offre exercera une
pression sur les valeurs résiduelles.
    Cela dit, admettant que les Canadiens exigent une baisse des prix des
véhicules compte tenu des bonnes affaires qu'ils peuvent faire aux Etats-Unis,
les constructeurs automobiles ont à nouveau encouragé les mesures d'incitation
au début du mois, proposant des rabais pouvant atteindre 10 000 $ sur certains
modèles et tentant ainsi d'inciter les Canadiens à ne pas se détourner du
droit chemin et à acheter des véhicules au pays. Récemment, certains
constructeurs ont aussi annoncé la baisse des prix de leurs tout nouveaux
modèles 2008.
    A l'examen des importations de véhicules usagés par province, il ressort
que l'Ontario et la Colombie-Britannique importent à elles seules les deux
tiers de tous les véhicules provenant des Etats-Unis, soit près de 20 % de
plus que la part qu'elles représentent dans les ventes totales de véhicules
automobiles du Canada. Selon nos estimations, au total, environ 40 % des
véhicules usagés importés des Etats-Unis sont destinés à l'Ontario, un
pourcentage légèrement supérieur à la part de la province dans tout le parc de
véhicules canadiens.
    La Colombie-Britannique a pris tout le monde par surprise; en effet, 27 %
de tous les véhicules importés au Canada sont destinés à cette province, soit
plus du double que la part qu'elle représente dans toutes les ventes au
Canada. La proportion élevée des importations de la Colombie-Britannique
s'explique par la grande population de Vancouver et du Lower Mainland ainsi
que par la proximité de la région avec les principales villes du Nord-Ouest
américain, et en particulier Seattle.
    Par ailleurs, les importations de véhicules usagés américains affichent
des hausses modérées au Québec et dans la plupart des régions du Canada
Atlantique. A titre d'exemple, si, depuis 2004, les importations de véhicules
ont triplé dans tout le Canada, au Québec, les hausses relevées sont nettement
plus modestes et sont souvent le fait de l'augmentation des importations des
plus grands concessionnaires. Pendant ce temps, au Canada Atlantique, seul le
Nouveau Brunswick affiche une augmentation à deux chiffres des importations
originaires des Etats-Unis. Cela dit, même avec ce bond, les importations des
Etats-Unis ne représentent qu'une petite proportion des ventes totales de la
province.
    "A l'avenir, le secteur de l'automobile continuera à connaître une
désinflation même si les constructeurs automobiles refusent d'abaisser les
PDSF. Cette position s'explique par le fait que, les tendances
macroéconomiques continuant à faiblir aux Etats-Unis, les prix des véhicules
usagés feront l'objet de pressions à la baisse de l'autre côté de la
frontière, a précisé M. Gomes. Cette conjoncture devrait à nouveau stimuler
les importations au Canada, à condition que le dollar canadien reste proche de
la parité, un bon pari compte tenu des solides facteurs économiques
fondamentaux du Canada."
    Les ventes annuelles de véhicules neufs, quant à elles, ont chuté en
Amérique du Nord pour s'établir à 18,7 millions d'unités en octobre, une
baisse par rapport à la moyenne de 19,0 millions d'unités enregistrée au cours
des deux mois précédents.
    Au Canada, les ventes ont progressé de presque 2 % en octobre, inversant
la tendance à la baisse observée le mois précédent par rapport à l'année
antérieure. En dépit de cette amélioration, les ventes annuelles ont totalisé
1,57 millions d'unités en octobre, un chiffre bien inférieur au record de
1,77 million comptabilisé en août. En fait, au cours des deux derniers mois,
les achats sont passés en dessous de la barre des 1,60 million d'unités, les
consommateurs semblant s'écarter du droit chemin du fait qu'ils prévoient une
baisse des prix des véhicules.
    Aux Etats-Unis, les achats sont restés modestes par rapport à l'année
antérieure, et ce, pour le cinquième mois consécutif, les volumes étant
réduits par les bouleversements qui frappent actuellement le marché de
l'immobilier américain, ainsi que par le record des cours du pétrole.
    Etudes économiques Scotia propose à sa clientèle une analyse approfondie
des facteurs qui façonnent les perspectives du Canada et de l'économie
mondiale, notamment l'évolution macroéconomique, les tendances des marchés de
change et des capitaux, le rendement des produits de base et de l'industrie
ainsi que les enjeux relatifs aux politiques monétaires, fiscales et
gouvernementales.




Pour plus d'informations:
Renseignements: Carlos Gomes, Etudes économiques Scotia, (416) 866-4735,
carlos_gomes@scotiacapital.com; Paula Cufre, Affaires publiques, Banque
Scotia, (416) 933-1093, paula_cufre@scotiacapital.com