Décollage de la reprise économique mondiale, mais turbulences prévues sur la trajectoire de vol, selon l'économiste en chef de la Banque Scotia

TORONTO, le 3 févr. /CNW/ - Entraînée par la Chine et par un certain nombre de pays émergents, l'économie mondiale a bel et bien décollé selon le dernier rapport Courants économiques publié aujourd'hui par Études économiques Scotia et intitulé "Liftoff Achieved, But The Flight Path Will Be Turbulent" (décollage réussi, mais turbulences sur la trajectoire de vol).

"L'économie américaine et celle d'autres pays développés devraient prendre de l'altitude dans les mois qui viennent. Elles sont alimentées par les mesures monétaires et fiscales de relance sans précédent adoptées en 2009, par la reprise des dépenses à la consommation et par la remise en marche de la production, les entreprises réagissant aux perspectives d'amélioration des ventes", affirme Warren Jestin, économiste en chef, Banque Scotia. "Cependant, le fardeau représenté par un chômage élevé et les faiblesses structurelles dans des secteurs clés comme l'habitation et les services financiers laissent présager un vol turbulent au cours de 2010 et une croissance mondiale relativement faible pendant la prochaine décennie."

La conjoncture économique intérieure a été plus favorable au Canada qu'aux États-Unis, en grande partie grâce à la solidité exceptionnelle de notre secteur financier et en raison des bilans financiers des ménages, des entreprises et des gouvernements relativement plus solides qu'ailleurs. Le Canada a enregistré pendant le ralentissement un taux de perte d'emploi moitié moins élevé que celui de nos voisins du sud et a affiché un meilleur bilan que les États-Unis quant au retour de la création d'emplois.

"Ces facteurs ont favorisé une reprise des dépenses à la consommation et du marché immobilier au Canada, où les acheteurs ont profité de taux d'intérêt historiquement bas à un moment où l'activité résidentielle américaine est encore embourbée dans la récession", signale M. Jestin.

Selon le rapport, les chemins menant de la récession à la reprise économique varient beaucoup entre le Canada et les États-Unis, mais les deux pays bénéficient de la mise en route de projets d'infrastructure publique.

"L'économie risque de rechuter avec la fin de l'aide monétaire et fiscale, qui avait été sans précédent, mais la croissance mondiale enregistrée dans divers secteurs et diverses régions devrait soutenir la reprise pendant tout 2010", affirme M. Jestin. "Cependant, au Canada comme aux États-Unis, la croissance de cette année ne réussira pas beaucoup plus qu'à remplir le trou créé par le grave ralentissement des activités en 2008 et 2009. Mais cette performance, même modeste, se comparera favorablement à la situation observable en Europe et au Japon, où le repli économique a été beaucoup plus prononcé et où les activités prévues sur l'ensemble de 2010 ne suffiront pas à reprendre le PIB perdu."

Les pays développés étant contraints de suivre une trajectoire de faible croissance, ce seront la Chine et d'autres marchés émergents à croissance rapide qui fourniront une grande part de l'énergie requise pour tirer l'économie vers le haut. En effet, alors que la production mondiale perdait plus de 2 % en 2009, la production chinoise quant à elle gagnait près de 9 %.

Même si l'inflation est tenue en échec par une capacité excédentaire dans un grand nombre de secteurs, les taux d'intérêt augmenteront au deuxième semestre de 2010 puisque les banques centrales commenceront à couper les gaz du moteur monétaire. La Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada devraient en effet majorer les taux de deux points de pourcentage ou plus d'ici la mi-2011.

Économie canadienne - un ajustement aux nouvelles réalités mondiales

Le Canada, selon les auteurs du rapport, se trouve bien sur le chemin de la reprise, mais ce chemin ne nous ramène pas vers le monde qui existait avant le début de la crise des prêts à risque. Les gouvernements canadiens sont entrés dans la zone de récession en bien meilleure position fiscale que celle de nos principaux partenaires commerciaux, important avantage stratégique dans la lutte contre le repli économique. Cependant, les déficits actuels seront difficilement comblés puisqu'il est pénible d'appliquer des réductions des dépenses et que le redressement des revenus est limité par la relative timidité de la croissance.

"Dans un tel environnement, les gouvernements disposent de peu de latitude pour subventionner les entreprises nationales afin de les protéger des prodigieuses forces qui refaçonnent le paysage économique mondial", ajoute M. Jestin. "Les gouvernements ne peuvent se permettre d'utiliser le modèle appliqué à l'industrie automobile pour aider les secteurs en difficulté ni ont-ils la prescience qui leur permettait de faire le tri, au moyen de politiques industrielles, entre les secteurs gagnants et les secteurs perdants.

"Une bonne stratégie publique consiste à créer un environnement fiscal concurrentiel et à mettre sur pied des infrastructures urbaines de premier ordre, deux éléments qui ont reçu beaucoup d'attention dans les récents budgets provinciaux et fédéral", poursuit M. Jestin.

Les entreprises canadiennes sont confrontées à des réalités peu réjouissantes sur leurs marchés traditionnels, mais commencent à découvrir tout un monde de possibilités sur de nouveaux marchés, estime M. Jestin. La demande chinoise et celle d'autres marchés émergents ont déjà permis aux exportations des produits de base de représenter environ la moitié des ventes canadiennes à l'étranger. L'augmentation des revenus dans ces pays sous-tendra une croissance rapide des dépenses à la consommation, ce qui créera d'intéressantes occasions pour les entreprises canadiennes.

"La réussite sur ces marchés, et sur d'autres, dépendra de la capacité à déterminer quels produits et services canadiens fondés sur les capacités intellectuelles et à grande valeur ajoutée peuvent s'insérer dans les chaînes d'approvisionnement mondiales ou intéresser certains marchés à créneaux présentant des avantages particuliers", soutient M. Jestin. "Les petites et moyennes entreprises très audacieuses présentes dans les secteurs à croissance rapide deviendront probablement de grandes créatrices d'emplois au cours des dix prochaines années.

"Consacrer des ressources limitées sur des marchés et des secteurs connus tout en ignorant ou en évitant les marchés ou secteurs nouveaux ou inconnus représenterait probablement une stratégie perdante, que ce soit pour les gouvernements ou pour de trop nombreuses entreprises", conclut M. Jestin.

Études économiques Scotia propose à sa clientèle une analyse approfondie des facteurs qui façonnent les perspectives du Canada et de l'économie mondiale, notamment l'évolution macroéconomique, les tendances des marchés de change et des capitaux, le rendement des produits de base et de l'industrie ainsi que les enjeux relatifs aux politiques monétaires, fiscales et gouvernementales.

Pour plus d'informations: Renseignements: Warren Jestin, (416) 866-6136, warren_jestin@scotiacapital.com; ou Robyn Harper, Relations publiques, (416) 933-1093, robyn_harper@scotiacapital.com